Les bonnes choses ont toujours une fin et cette semaine ont lieu les dernières séances du cours dirigé.
Avant d'aller s'alcooliser et grignoter les petits fours, nous avons travaillé hier un petit peu avec une série de poses de 20 min entre élèves !
Une fois dompté, le fusain est un incroyable outil graphique permettant de s'exprimer avec grand caractère. Des noirs denses, des dégradés subtiles, des traits affirmés et énergiques, des masses mystérieuses, etc. Il y a là tout une grammaire riche et d'une formidable expressivité !
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La réflexion du jour :
Dans l’Art, est beau uniquement ce qui a du caractère. Le caractère, c’est la vérité intense d’un spectacle naturel quelconque, beau ou laid ; et même c’est ce qu’on pourrait appeler une vérité double : car c’est celle du dedans traduite par celle du dehors : c’est l’âme, le sentiment, l’idée, qu’expriment les traits d’un visage, les gestes et les actions d’un être humain, les tons d’un ciel, la ligne d’un horizon.
Orienter le regard du spectateur vers un centre d'intérêt, Jean, 20 min
Or pour le grand artiste, tout dans la Nature offre du caractère : car l’intransigeante franchise de son observation pénètre le sens caché de toute chose. Et ce qui est considéré comme laid dans la Nature présente souvent plus de caractère que ce qui est qualifié de beau, parce que dans la crispation d’une physionomie maladive, dans le ravinement d’un masque vicieux, dans toute déformation, dans toute flétrissure, la vérité intérieure éclate plus aisément que sur des traits réguliers et sains.
Le littéral est ennuyeux, il y a de la beauté dans la suggestion, le mystère, Michel, 20 min
Et comme c’est uniquement la puissance du caractère qui fait la beauté de l’Art, il arrive souvent que plus un être est laid dans la Nature, plus il est beau dans l’Art. Il n’y a de laid dans l’Art que ce qui est sans caractère, c’est-à-dire ce qui n’offre aucune vérité extérieure ni intérieure. Est laid dans l’Art ce qui est faux, ce qui est artificiel, ce qui cherche à être joli ou beau au lieu d’être expressif, ce qui est mièvre et précieux, ce qui sourit sans motif, ce qui se manière sans raison, ce qui se cambre et se carre sans cause, tout ce qui est sans âme et sans vérité, tout ce qui n’est que parade de beauté ou de grâce, tout ce qui ment.
Une pose à la Mona Lisa avec Christelle, 20 min
Quand un artiste, dans l’intention d’embellir la Nature, ajoute du vert au printemps, du rose à l’aurore, du pourpre à de jeunes lèvres, il crée de la laideur parce qu’il ment. Quand il atténue la grimace de la douleur, l’avachissement de la vieillesse, la hideur de la perversité, quand il arrange la Nature, quand il la gaze, la déguise, la tempère pour plaire au public ignorant, il crée de la laideur, parce qu’il a peur de la vérité. Pour l’artiste digne de ce nom, tout est beau dans la Nature, parce que ses yeux, acceptant intrépidement toute vérité extérieure, y lisent sans peine, comme à livre ouvert, toute vérité intérieure.
Auguste Rodin
Extrait de L’Art, entretiens réunis par Paul Gsell, ed. Grasset, « Cahiers rouges »
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