Avec sa barbe, son visage anguleux, et ses cheveux noirs, voilà un modèle bourré de caractère, très intéressant à peindre.
Après Pauline, j'ai décidé de peindre le portrait de Victor à la manière d'un fusain, en nuances de gris et non finito.
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Les 5 réflexions du jour :
Un artiste ne peint pas ce qu'il voit, mais ce qu'il pense. Voici une sélection des réflexions émises durant l'exécution de ce portrait :1 La ressemblance n'est pas une finalité artistique.
2 La justesse (ou ressemblance) c'est de la technique. Un bon portrait l'est pour des raisons autres que la restitution de l'identité.
3 Une fois le modèle parti, il ne reste que la peinture. Celle-ci doit être donc intéressante pour d'autres raisons que la ressemblance dès lors que la comparaison n'a plus lieu d'être.
4 Se demander comment rendre intéressant le sujet d'abord avec les éléments du langage visuel.
5 Il n'y a pas de procédés particuliers pour peindre le portrait hormis peut être un dessin plus exigent.
L'article du jour :
Robert Hannaford décrit dans cet article comme il exécute une commande de portrait :Dans les soirées, on me demande souvent ce que je fais et je réponds : "je peins." Nombreux sont ceux qui pensent que je suis peintre en bâtiment. Je n’insiste pas. Mais si on me questionne davantage, je réponds "je peins des tableaux." Cela suscite souvent la question suivante : "quel genre de tableaux?" Ce à quoi je réponds :"réaliste."
Si les questions continuent, je me retrouve rapidement plongé dans un océan de contradiction, incompréhension et confusion. Pourquoi cela ? Je pense que le problème commence avec la langue.
La plupart des gens semble croire par exemple que le terme "réalisme" en art est attribué à une peinture ressemblant à une photo. Pour être précis, une peinture "vraie" ou "réaliste" n'a pas besoin d'être à l'image de ce que l'on voit. Elle peut être abstraite du moment que l'on reconnait le sujet.
La confusion survient également quand quelqu'un essaye de me complimenter en disant que ma peinture "ressemble à une photo." Cela me fait grincer les dents, parce que je n'aime pas le photoréalisme ou la copie conforme du sujet.
Cela dit, je suis aussi complimenté, dans le sens que je réussis à capturer le vrai, la justesse des couleurs, des formes et du mouvement. En fait, c'est ce qui me fait le plus vibrer.
Alors où est la différence ? Pour éviter les explications alambiquées, je décris simplement ce que je fais quand je peins un portrait. La même chose s'applique bien entendu aux paysages, natures mortes, ou n'importe quel autre sujet. Avec une différence dans l'intention et le temps nécessaire.
Pour une commande de portrait, je demande 6 séances de pose de 3 heures sur des jours consécutifs dans un lieu apprêté, en général mon atelier. J'adore le processus. Une semaine de travail intense et c'est finit. Le commanditaire rentre chez lui, je termine la peinture et je suis payé, la vie est belle.
Quand le modèle arrive à l'atelier pour la première fois, nous discutons un peu, mais nous commençons la séance dès que possible. La pose est assise ou debout, dans la lumière du sud ou la lumière de l'atelier et tout en continuant à discuter, je saisis les particularités du modèle.
Je suis à la recherche des lumières et formes qui rendent au mieux l'expressivité du modèle. Je teste la pose plusieurs fois, en demandant de se relever et de se remettre en place pour m'assurer qu'elle soit suffisamment confortable.
Je pose ensuite du scotch au niveau des pieds du modèle et de la chaise pour retrouver à chaque fois la même pose.
La toile est éclairée par la même lumière que le modèle et j'ai environ 3 ou 4 mètres de recul pour une meilleure perspective. Je schématise la composition en traçant de simples lignes.
Après une pause café, je commence à dégrossir la peinture le plus largement possible, avec de la peinture à l'huile diluée avec de la térébenthine. Je ne m'occupe pas de la composition.
J'aime couvrir la toile de peinture la première séance, ainsi je peux voir la composition dans son ensemble.
La séance suivante, je travaille sur toute la toile, j'ajuste ce qui a été mis en place le jour précédant avec ma vision fraiche du jour. Je ne peins pas de détails et essaye de rester concentrer sur la composition et la justesse des valeurs et couleurs. De cette façon, les formes et la lumière se révèlent d'elles mêmes. J'essaye d'être juste dans les couleurs, formes, et valeurs. A la fin de la séance, même sans détails et avec du recul, la peinture prend forme, ainsi que la lumière et l'atmosphère de l'atelier, bien que je n'y avais pas porté attention.
A la 2e ou 3e séance, je peins en épaisseur, ainsi la peinture reste fraiche (en fonction de la météo) pour les jours à venir, me permettant un maximum de manipulations. Je deviens progressivement plus conscient du rythme des couleurs ou valeurs que je ne l'avais été avant. Les plis des vêtements, les ombres, les traits du visage, les tons du fond peuvent révéler des formes magnifiques et inattendues rendant la peinture plus intéressante et me permettant de prendre de nouvelles directions.
L'humeur du modèle et la lumière de l'atelier change constamment. Parfois il y a des moments de calme et de silence et je sens une atmosphère particulière nous envelopper. Parfois aussi, il y a des moments de tension et je sens que je passe à côté.
Pendant ces moments, j'essaye de libérer mon esprit et vision en regardant le modèle dans un miroir. Je plisse les yeux pour voir. J'ai toujours l'impression de mieux voir au début de la séance ou après une pause café.
Je cherche toujours à obtenir une vision fraiche avant la fin d'une séance. La qualité de la peinture semble en dépendre.
Chaque modèle offre un nouveau challenge. Cela n'a pas d'importance si celui-ci me parait ennuyeux ou intéressant ou si je les aime ou pas. La peinture semble toujours prendre vie d'elle même et m'emporte dans de nouveaux territoires.
C'est pour cette raison que je peins. Je ne m'en lasse jamais. La peinture est pour moi une expérience d'apprentissage.
Plusieurs semaines après avoir finis la peinture, je l'encadre et ai effectue quelques retouches. Quelques fois, je contacte le modèle pour une séance supplémentaire. Comme dit Picasso : "vous ne terminez pas une peinture, vous l'abandonnez.
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Le conseil du jour :
Look at a head (or a landscape) always as a whole, as a head and not as a collection of features. If you look at one feature alone you will not make it in proper relation to the whole.
Regardez une tête ou un paysage comme un ensemble et non une collection de traits. Si vous regardez seulement le nez, vous ne pourrez pas l’intégrer dans un ensemble.
Frank Benson
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