Analyse picturale du dimanche (2 octopi, Sargent)

En tant que fabriquant d'images, il est capital pour le peintre de se nourrir d'images. Avant de donner à voir, l'artiste perçoit. Pour progresser, il doit chercher à optimiser chaque aspect de l'élaboration d'une peinture, à commencer par une meilleure perception et esprit d'analyse/synthèse. Avant d'utiliser sa main, le peintre utilise son œil et son cerveau !

L’œil humain est naturellement paresseux et quantité d'informations visuelles ne sont pas remarquées dans le cadre des activités quotidiennes, notre cerveau les jugeant non pertinentes. Il en résulte une observation souvent superficielle des choses. Avec la pratique du dessin ou peinture d'observation, un regard intelligent ( solide capacité à analyser/synthétiser) est déterminant, puisqu'ayant un impact direct sur la qualité de la représentation. Mieux voir, c'est donc mieux peindre !

L'analyse d'images est un exercice intéressant pour apprendre à mieux voir. Si toutes les images peuvent être bonnes à décortiquer (affiches, photos, plans de film), les peintures de maitres sont à privilégier. Parce que la peinture comporte certaines spécificités (comme la manière), parce que les maitres de tout temps se sont posé un certain nombre des questions que l'artiste peut se poser aujourd'hui et bien entendu parce que leur excellence est exemplaire !

Exercice à consommer sans modération pour que les "j'aime" et "je n'aime pas" se transforment en "j'aime parce que" et je n'aime pas parce que" !
>> A lire ou relire, l'analyse de Smiling girl d'Arkhipov !

La peinture du jour :

2 Octopi, Sargent, 1885

Analyse de la peinture en 5 points :
Cette peinture représente un amas de pieuvres gluantes et pourtant elle est magnifique. Décorticage :

1. La beauté de cette peinture commence dans le choix du sujet, soit 2 pieuvres. Le chaos de leurs tentacules en font un sujet très expressif, presque abstrait.
2. Les animaux tout en courbes irrégulières contrastent d'un point de vue formel avec les lames rectilignes du parquet.
3. Avec cette nature morte, Sargent a choisi de valoriser la pieuvre du bas (décentrée un peu à droite) : plus lisible avec les tentacules ouvertes en étoile (certainement disposées ainsi par le peintre) et plus lumineuse. La pieuvre du haut est donc un faire-valoir.
4. La pénombre ambiante valorise le sujet et sublime le luisant de la peau, peint avec brio !
5. Sargent a opté pour un point de vue en plongée. Ce point de vue offre une perspective écrasant la pieuvre du haut. A noter la zone de repos du regard en bas à gauche.

La citation du jour :
Un homme peint avec son cerveau, non avec ses mains.
Michel-Ange

A lire et relire :
>> Retrouvez moi sur Facebook !
>> Peindre de meilleures compositions avec l'initiation au dailypainting !
>> Le beau, le laid et le caractère selon Rodin