Le test du lundi !

Habitué aux modèles immobiles, j''ai expérimenté hier le portrait tout en discutant avec le modèle (pose de 2h30) !


Observation : C'est assez déstabilisant, puisque la discussion distrait de l'observation.
>> Expérience à renouveler avec muselage du modèle .. et du peintre !

La réflexion du jour :
Fini, pour un débutant, c’est mettre tous les plus petits détails. Il s’imagine que, lorsqu’il aura mis toutes les lettres qui forment le texte imprimé sur la page du livre qu’il peint, il aura fait une œuvre d’art. L’idéal à atteindre pour ce novice, c’est qu’on puisse lire sur sa toile, comme sur la véritable page du modèle. C’est là une erreur qu’il faut signaler, car elle pourrait avoir une influence pernicieuse sur l’avenir d’un talent réel. L’exagération contraire est aussi un défaut, mais il est plus facile de s’en corriger quand on a, dès le début, reçu de bons principes. L’exécution, le fini ne sont que des qualités secondaires ; elles s’acquièrent avec de la volonté, de la patience et surtout de la persévérance. 
Il faut, en peinture comme en beaucoup de choses, savoir s’arrêter à temps. C’est là la difficulté. C’est cela qu’il faudrait apprendre. Le laisser aller, le lâché, les négligences dans un tableau, comme dans toutes les œuvres d’art, sont toujours agréables à la condition que ces négligences soient savamment appropriées. Le commençant qui lâche ou néglige une étude ne nous intéresse pas, parce qu’il le fait sans discernement et par ignorance. Mais l’artiste qui, par calcul, et pour ménager un effet dans son tableau, néglige les parties qu’il ne veut pas qu’on remarque, l’artiste qui sait faire des sacrifices à propos, pour conduire l’œil du spectateur au point où doit se concentrer l’effet, celui-là est un savant et un charmeur. Quand on ne sait rien, on simplifie par ignorance, et pour éviter tout ce qui semble trop difficile à exécuter. Quand on sait beaucoup, on simplifie pour le bien du tableau. Ces résolutions sont parfois les plus pénibles qu’on ne pense, on ne peut se résoudre à enlever un morceau, tant hélas ! la vanité humaine ne perd pas ses droits et l’orgueil est grand, même chez les hommes les plus simples. En un mot, l’entente du tableau est une science très grande, où les sacrifices, les sous-entendus doivent être raisonnés et savants. Le vrai talent doit se faire pressentir dans ce qu’il sous-entend autant que dans ce qu’il montre. 
Pour terminer, nous donnerons encore un conseil : faites des études poussées dans l’exécution des détails et ne les abandonnez que lorsque vous n’y pourrez plus rien ajouter. Puis faites des études simples en ne cherchant que les plans et les masses d’ombres et de lumière, en ne pensant qu’à l’enveloppe et à l’ensemble, en supprimant tous les détails. Il est bon de méditer ces paroles : la vérité des petites choses, en peinture, nait quelques fois à la vérité des grandes. 
Ch. Blanc, Histoire des peintures

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