Midnight painter !

Hier c'était l'atelier de modèle vivant du mercredi.
Tout était parfait, un modèle immobile, une pause divine, un point de vue nickel, une ambiance studieuse, de la place pour travailler ... et putain j'ai merdé.
Pourtant ça partait bien, l'inspiration était là et j'étais méthodique, avec une construction rigoureuse, des couleurs au poil, mais tout ça peint avec ces satanés pinceaux en poils de mangouste. Résultat une peinture fade, une touche pauvre, un portrait triste ressemblant au modèle mais ne me ressemblant pas ...
La peinture est partie illico à la poubelle.
Je suis rentré enragé, il faut dire que rater une séance m'énerve prodigieusement. Je devais rattraper cette séance foirée. J'ai relu un passage du formidable bouquin de Bouvier :

Servez-vous le plus souvent possible de brosses plutôt que de pinceaux, je l'ai déjà recommandé; mais l'on ne saurait trop le répéter, parce ce que les commençants ont tous tendance à se servir des pinceaux de préférence aux brosses; il leur semble que plus leurs outils sont déliés, et mieux leurs ouvrages s'en trouveront; ils s'abusent en cela : la peinture à l'huile demande à être traitée grassement et largement; laissons à la gravure et aux dessins à la plume ce travail rangé et minutieux qui ne peut pas s'exécuter par d'autres moyens, et profitons pour la peinture des moyens moelleux qu'elle nous offre. 
Ne vous servez donc de pinceaux à plumes que pour préciser quelques touches fines et qui demandent une grande délicatesse d'exactitude, ou bien pour certains petits tableaux où l'échelle naturelle des objets est extrêmement diminuée, ou bien encore pour de très-petites têtes, ou des figurines d'hommes ou d'animaux d'une si petite dimension qu'elles ne puissent être touchées spirituellement avec de petites brosses, ce qui est rare. La raison de cela n'est pas seulement qu'en général on fait les brosses plus volumineuses que les pinceaux à plume proprement dits; mais c'est que les brosses posent mieux la couleur sur la toile; au lieu que les pinceaux la roulent, l'essuient et l'emportent avec eux; cela fait que le travail au pinceau devient toujours pauvre, maigre, et parait fatigué.

A minuit, je suis allé m'enfermer dans l'atelier. Il me fallait peindre quelque chose, n'importe quoi avec une touche de caractère, sans quoi je n'aurai pu trouver le sommeil. C'était une nécessité, comme pour conjurer la séance ratée.
J'ai arrangé sur la table les 2 premiers objets venus, et ai réglé l'éclairage. Rapidement, j'ai chargé la palette et ai sorti la série 2035 de Rosemary&co, mes tous premiers pinceaux, que j'avais délaissé pour la finesse diabolique des poils de mangouste. Je me suis mis au travail au son de Real hero et Sailing (College feat. Electric Youth).

 Rien n'est meilleur que le soie de porc pour une touche nerveuse !

Photographier une peinture avec une mauvaise lumière peut la dévaloriser complètement !
Shootez par temps clair !

  

2 commentaires:

  1. Hello Yann,
    merci pour ce beau plantage, que nous n'avons pas vu, mais qui relance chez moi la tergiversation quant à l'utilisation des pinceaux...j'ai vraiment apprécié de lire ce passage.
    Xavier

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  2. Merci Xavier ! Se planter n'est pas grave, l'important est de comprendre pourquoi et de persévérer !

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