L'étude du jour !


Oranger et verveine !

La réflexion du jour :
Il nous a paru intéressant de demander à ce savant (Joseph Bail) et obligeant confrère quelle était, selon lui, la meilleure manière de diriger ses études pour un jeune artiste qui cherche encore sa voie. Voici la lettre qu'il nous a adressée en réponse à cette question :
"Monsieur et cher confrère,
C'est avec grand plaisir, mais non sans être un peu embarrassé que je réponds à votre demande de m'expliquer sur la meilleure manière de diriger ses études, pour un jeune artiste qui cherche encore sa voie.
Pour moi, l'on cherche et l'on doit chercher à étudier toute sa vie. Mais cependant je pense que l'on doit surtout s'inspirer de la nature, quel que soit le genre que l'on fasse, sans en être l'esclave et en l'interprétant avec son sentiment, mais ne jamais se croire assez fort pour se passer d'elle. Par exemple, vous pouvez faire un chaudron de cuivre vingt fois de suite, si vous l'avez devant les yeux vous le ferez de vingt manières différentes, car toujours vous y découvrirez du nouveau. Mais si vous le faites, en vous croyant assez fort pour vous passer de la nature, vous en ferez une chose sans intérêt, comme vous feriez votre signature, c'est à dire toujours la même chose.
Mais je crois que le meilleur principe, c'est d'avoir la passion de son métier, observer, travailler beaucoup et aller souvent dans les musées."


On voit par la lecture de cette lettre que l'exécution ne doit préoccuper l'artiste que dans la mesure où elle lui sert pour traduire ce qu'il ressent devant la nature, mais qu'il faut toujours qu'il ait recours à elle pour trouver l'inspiration. Avoir toujours la nature pour guide ne veut pas dire la copier servilement, comme un certain élève de Corot, qui, en copiant un dessin de son maitre, avait été si consciencieux, qu'il avait imité une tâche d'huile. Le grand paysagiste lui fit observer "que quand il copierait la nature, il la verrait sans tâches."

Ernest Hareux, Cours complet de peinture à l'huile, nature morte