Tulipe, oil on paper
La lecture du jour :
On peut peindre à l'huile d'une infinité de manières, et, pour devenir habile, il est bon de les étudier toutes. Pour peindre en pleine pâte, il ne faut employer que des brosses en soie de porc, qui prennent plus de couleur à la fois, et sont excellentes pour ébaucher.
Si l'on voulait peindre de cette manière, d'après la bosse et de grandeur naturelle, on plaquerait les ombres, puis les clairs, d'une façon grossière, mais bien tranchée, en manière de mosaïque, employant la brosse plate carrée et la brosse ronde avec à propos : on prendrait ensuite ces mêmes brosses sèches, et, en faisant un feston en va-et-vient pour opérer la dégradation et la fusion du clair avec l'ombre, c'est à dire pour produire les demi-teintes; les surfaces s'arrondiront immédiatement.
Il est très important de comprendre que plus une brosse est plate et large, plus elle couvre de surface, et moins l'objet qu'on veut peindre sera long à couvrir. Cette partie plate de la brosse peut être maniée suivant le besoin, en tirant la hampe de haut en bas verticalement, ou en biais, dans un sens ou dans un autre, ou horizontalement; mais en trainant la touche horizontalement, la brosse plate en question ne trace plus qu'une ligne. Si donc nous la tenons dans les doigts d'une certaine façon, elle peut former une bande de couleur de toute sa largeur; en la tournant un peu, elle produira une bande moins large; et en la tournant encore, elle donnera un fil comme une lame de couteau qu'on trainerait dans le sens de sa longueur; c'est un trait d'une grosseur qui sera proportionné à la foison plus ou moins épaisse du poil qui garnit la brosse.
Cette observation éclaircira tout le grand mystère de la touche, qui fait l'étonnement et l'admiration des personnes qui, n'ayant jamais vu peindre, sont stupéfaites de voir peindre très finement avec des pinceaux ou brosses de grosses dimension.
Lorsqu'on sait faire un fond uni derrière une bosse, une tête ou un objet quelconque, on attaque la peinture de l'objet lui-même, en commençant par l'indication des masses d'ombres et de lumières; on les fond ensuite les unes dans les autres, on laisse sécher; puis on reprend avec les mêmes couleurs, moins épaisses, qu'on applique en demi-pâte avec des pinceaux plus doux; on ajoute les reflets dans les ombres, et on donne plus de finesse aux demi-teintes; c'est ainsi que le modèle s'achève; on donne aussi plus de fermeté aux lumières, qu'on empâte derechef en n'ajoutant pas d'huile à la couleur.
La peinture à l'huile, traité méthodique et raisonné par F. Goupil
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