La nature morte du jour (still life)

Pots, environ 30x30 cm, huile sur papier

Le conseil du jour : 

Les détails sont un peu comme les sirènes avec Ulysse : diaboliquement attirants !

Voici 3 conseils pour  réfréner le désir de chipoter :

  1. Travailler avec les plus gros pinceaux possible et des plus gros au plus petits
  2. Se donner un temps imparti (la nature morte ci-dessus a été peinte en 3h, pause tartine beurre de cacahouètes/confiture de mirabelle & café comprise)
  3. Un bon peintre fait la grimace quand il commence une peinture ! Apprendre à regarder le sujet en terme de simples masses connectées entre elles avec des couleurs et des valeurs. Plisser les yeux permet d'observer les masses sans les détails, en demi-teintes.
Ce que pense Andrew Loomis au sujet des détails :
Dans un dessin ou une peinture, quelque chose de la procédure et de la structure doit rester. Quand le dessin est trop lissé et poli, il devient trop littéral. C'est le travail de l'appareil photo. Dans un dessin, cependant, le «fini» n'est pas nécessairement de l'art. C'est l'interprétation et le processus de conception individuelle qui est de l'art et qui a une valeur. Si vous incluez tous les faits littéraux et détails, le résultat sera ennuyeux. C'est la sélection des éléments importants qui est intéressant. Une conception sélective comporte vitalité, objectif et conviction. Un dessin trop détaillé, perdra force et puissance. Un cercle parfait tracé au compas ne laissera aucune trace de nous-mêmes. C'est la grande forme qui est importante, pas les petites choses ni l'exactitude. 

L’enveloppe, l’air ou l’atmosphère d’un tableau, sont aussi essentiels que le dessin exact et la justesse du coloris. L’illusion ne se produit que si l’enveloppe est observée ; au cas contraire et malgré une exécution très bonne, on ne produit qu’un tableau médiocre.
Le détail et l’enveloppe sont aussi opposés l’un à l’autre que l’eau et le feu. Il n’est pas niable que l’exécution des détails constitue une réelle difficulté, exige une adresse de main et une précision de dessin qui ne s’acquièrent que par des années de travail et d’application.
Si le détail précise tout, l’enveloppe au contraire éteint, efface presque tout. Mais l’enveloppe harmonise, unifie une œuvre, tandis que les détails la désagrègent, donc le détail c’est l’ennemi de la peinture.
Ne faut-il donc pas mettre des détails ? et ne pas savoir exécuter ?
Si, mais il faut être un habile exécutant, posséder à fond la science de l’enveloppe qui permet de ne mettre les détails qu’à bon escient, là où ils sont nécessaires, mais limités et subordonnés à l’ensemble et à l’enveloppe. Il faut savoir exécuter admirablement et savoir l’oublier à propos.
Il est vrai que le public, par un goût souvent fâcheux, entraine parfois les peintres dans la voie où ils trouvent le succès aux dépens de l’art véritable.
Convenons-en, il faut au peintre qui n’a pas l’aisance en naissant, une volonté et une énergie morale d’une puissance supérieure à celui qui n’a pas le souci de la vie matérielle. Après tout ce qu’on vient de lire, nous dirons aussi que le mauvais goût du public, en général, est la cause que bien des artistes tournent mal, si cette expression n’est pas trop forte. C’est parce que le plus grand nombre des amateurs et des acheteurs se passionnent immodérément pour le détail, ce qu’ils nomment le fini ; que beaucoup d’artistes se dévoient, en faisant d’abord des concessions, afin de pouvoir trouver la vente de leurs œuvres, puis peu à peu faussent le goût, en aimant à leur tour certains morceaux réussis au point de vue de l’adresse de la main ; ces artistes en arrivent ainsi à ne plus aimer que celui qui est adroitement peint, et par cela même s’éloignent à jamais de l’art.

Ernest Hareux

Les citations du jour :

L’artiste qui se contente du trompe-l’œil et qui reproduit servilement des détails sans valeur ne sera jamais un maître. Auguste Rodin
We see the forest before we see the trees.
Nous voyons la forêt avant de voir les arbres. Proverbe chinois.