Étude d'orange, 13cm x 18cm,oil on board
Le conseil du jour par Ernest Héreux :
Si tous les tons entiers sont difficiles à modeler, le ton jaune l'est particulièrement en raison du peu de variété des couleurs mères et de l'extrême facilité avec laquelle il se salit, quand on cherche à varier le ton des ombres. La forme d'une orange n'est pas très pittoresque, surtout dans celles qui ont l'écorce fine. Ces dernières ressemblent à une boule, et le peintre est obligé de choisir ses modèles parmi les espèces communes à écorces rugueuses et à côtes saillantes, pour y trouver une forme plus agréable et des plans de lumière plus intéressants à étudier.
Quand on peut se procurer quelques feuilles ou quelques petites branches d'oranger auxquelles sont attachées des oranges, cela donne plus d'intérêt et facilite la composition qui devient moins banales et plus pittoresque. Ce n'est pas que la beauté de la feuille soit digne d'attirer l'attention du peintre par sa forme ou sa couleur, loin de là, elle est même banale et sèche et se recoquille en peu de temps, ce qui lui donne un aspect métallique et dur; cependant malgré tout elle est utile au peintre pour varier sa cpmposition.
Pour peindre les oranges, on procède de la même façon que celle indiquée précédemment, avec cette différence qu'on peut peindre du premier coup sans ébauche préalable. Les tons ne doivent jamais être fondus les uns dans les autres au moyen du blaireautage; ce procédé alourdit tout e salit les colorations. Le modelé doit s'obtenir en plaçant les tons par touches ajoutées les unes aux autres et en observant les valeurs. Afin de faciliter l'exécution, on peut composer sur la palette des gammes de tons jaunes de différentes valeurs et peindre avec, en multipliant encore la variété des tons à l'aide des couleurs mères au moment où l'on exécute. Les luisants doivent être mis en dernier lieu, en les peignant discrètement pour ne pas donner aux oranges l'aspect luisant des pommes. On remarquera que ces luisants sont généralement d'un ton blanc tirant sur le rouge violet qui est complémentaire. Les feuillages et les branches termineront l'étude, on aura soin de conserver aux feuilles l'aspect sec qui les caractérise, cela donne aux oranges une facture qui, sans être molle, semble par opposition appropriée au tissu de ce fruit.
Les oranges dites mandarines, sont aussi très agréables à peindre et ont souvent des formes très intéressantes à dessiner. Placées à côté de tons violets qui sont complémentaires, elles s'harmonisent admirablement; mandarines et violettes de Parme font un ensemble dont on ne se lassera jamais de faire des études. Il est aussi très amusant de peindre une orange ouverte, c'est pour un artiste une agréable distraction qui lui permet de montrer toute sa virtuosité, et nous ne saurions trop engager les débutants en quête de sujets d'études à essayer de surmonter cette difficulté.
Le dessin d'une orange ouverte demande une grande justesse de forme, autrement il ne serait pas intéressant. Quand on a bien arrêté la forme par un trait au pinceau, on commence à peindre les parties jaunes de chaque tranche, en s'efforçant de bien en accuser le caractère de mollesse et de transparence; les parties blanches se peignent ensuite. On ne doit mettre des empâtements que pour accuser la rugosité de l'écorce ou accentuer la fermeté et l'épaisseur du blanc qui est à l'intérieur. Quand on fait une étude d'orange ouverte et qu'il n'entre pas d'autres éléments dans la composition, on rend l'aspect de l'étude plus agréable en faisant poser l'orange sur une table ou sur un marbre poli où se reflètent les tons. Les oranges enveloppées de papier de soie très transparent sont aussi de charmantes études à faire.
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